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  • Les Nuits avec Théodore
  • France -
  • 2012
  • Réalisation. Sébastien Betbeder
  • Scénario. Sébastien Betbeder
  • Image. Denis Gaubert
  • Décors. Lionel Acat
  • Son. Xavier Griette, Roman Dymny
  • Montage. Julie Dupré
  • Musique. Sylvain Chauveau
  • Producteur(s). Frédéric Dubreuil
  • Production. Envie de Tempête Productions
  • Interprétation. Pio Marmaï (Théodore), Agathe Bonitzer (Anna), Fabrice Adde (l'homme de la grotte), Sarah Le Picard (Suzanne), Emmanuel Siety (docteur Emmanuel Siety).
  • Distributeur. Arizona Films Distribution
  • Date de sortie. 13 mars 2013
  • Durée. 1h07
  • voir la bande annonce

Partenaire particulier, par Louis Blanchot

Les Nuits avec Théodore

Une garçon, une fille, la nuit. Bon, tout est normal, on ne s’est pas trompé de salle, il s’agit bien d’un premier film français. Un second premier film plus précisément, puisque le réalisateur Sébastien Betbeder en a déjà réalisé un, de long – qui s’appelait Nuage|critique du film Nuage . Il s’est peut-être décidé lors d’une réunion secrète que tout premier film français (même quand c’est le second) devait débuter par un flirt et finir par un meurtre. découvrir la vie par l’amour, la comprendre par la mort. On n’était pas là, on ne saura jamais. Reste que Les Nuits avec Théodore – récit d’amour et de mort – ne déroge pas à la règle ; quoiqu’il ait tout fait, entre temps, pour brouiller les pistes. C’est-à-dire nous faire croire qu’il n’est pas un premier film français comme les autres.

C’est une fiction d’un garçon qui rencontre une fille, entendons-nous bien ; cependant, Betbeder fait le choix de l’amorcer sur un matériau ostensiblement documentaire. Étrange choix, au premier abord, que cette introduction façon « Enquêtes extraordinaires », retraçant schéma à l’appui l’histoire nébuleuse du parc des Buttes-Chaumont. Mais on comprend très vite que si le film nous fait entrer par cette porte documentaire pour le moins étonnante, c’est pour mieux nous amener en territoire connu et conquis. celui de la fiction naturaliste. Ici, on y retrouve un jeune garçon, seul au milieu d’une soirée parisienne. Le jeune garçon, c’est Pio Marmaï. Il ne fait pas la fête, il réfléchit. Certainement à quel premier film français il pourrait participer. Il a déjà fait Alyah|critique du film Alyah d’Elie Wajeman, qui a bien marché pour lui (mieux en tout cas que La Loi de Murphy de Christophe Campos), donc il cherche de nouveau une valeur sûre. un réalisateur fémissard. En marge du dance floor. il rencontre Agathe Bonitzer. Bonne pioche. papa fait du cinéma, maman aussi – elle est même de la première promo de l’école. Nul doute que cette petite « fille-de-et-de » saura le rencarder – lui, acteur si prometteur. Sauf que Bonitzer fille souhaite aussi être actrice. Et un acteur et une actrice ça fait un couple, ça ne fait pas un film.

Tant pis, Pio a quand même envie de finir la nuit avec elle. Il faut dire qu’elle est jolie, quoique d’une beauté un peu étrange – une petite frimousse taillée à la serpe, avec un regard vague au milieu, une crinière rousse par-dessus. Mais l’étrangeté est partout, Pio va s’en rendre compte. Et il n’en a pas peur, de l’étrangeté. D’ailleurs là, dans les rues de Paris, accompagné de sa beauté bizarre, il distingue au loin une lueur. un documentaire de Sébastien Betbeder. Ça ne devrait pas l’intéresser un documentaire, encore que Betbeder vient du Fresnoy. Pio en a entendu parler du Fresnoy – c’est une sorte de Fémis, en moins parisien, et surtout en plus arty. « Pourquoi pas. » se dit-il. « Et si je lui demandais de me prendre dans son documentaire, ça pourrait faire un bon film. » Ni une, ni deux, Pio décide d’escalader le grillage qui l’en sépare. celui, on fera semblant de s’en étonner, du parc des Buttes-Chaumont. On a oublié de préciser. dans la fiction, Pio Marmaï s’appelle Théodore. Ça donne. « Théodore escalade le grillage du parc des Buttes-Chaumont. » C’est un bon résumé du début du film.

Pour le reste. Le film de Betbeder est à peine moins insignifiant qu’on le sous-entend. En vérité, il est surtout plus nul que son vrai premier film, Nuage|critique du film Nuage . qui était pourtant dans le même genre (le genre objet hybride à escales festivalières) – à cela près qu’on le trouvait un poil plus chouette, plus incarné, plus buissonnier. Les Nuits avec Théodore n’a aucune mauvaise intention, si ce n’est de vouloir faire « Art ». Il traque à tour de bras le mystère nocturne, l’ésotérisme urbain, la rêverie romantique – se prend pour un papillon de cinéma. Mais son papillonnage timide masque mal la paralysie générale de son récit – récit qui, parce qu’il ne raconte rien, s’amuse à raconter ce rien chaque fois différemment. Si les formes champignonnent de partout sous la voûte du ciel parisien, aucune n’ose déborder, n’aura le cran, rien qu’un instant, de prendre le pas sur l’autre. On sent que le film voudrait être pluriel, voudrait être parfait, voudrait être beau. En même temps qui voudrait pour sa première fois (même quand c’est sa deuxième), ne pas être beau. En cherchant à plaire, Les Nuits avec Théodore se maquille à l’excès. trop de digressions narratives pour marquer ses traits, trop d’indie rock pour se donner bon teint, trop de flou esthétique en fard à paupière. Mais surtout, rien qui ne dépasse.

Le mal de la petite fiction d’auteur. ça se présente comme une énigme mais on en connaît d’avance la solution. Ainsi, dans le film, de ce récit psychiatrique face caméra, aparté médicale faussement digressif qui anticipe ce que tout le monde avait déjà deviné. Théodore est malade des Buttes-Chaumont ; cet espace de vert et d’obscurité est sa drogue, en même temps que son pharmakon. C’est la petite curiosité du film, qui aime projeter l’ombre des évènements avant qu’ils ne se produisent. Mais même dans ces petits mystères s’avançant à découvert, Les Nuits avec Théodore n’est pas convaincant. on y voit guère plus qu’une naïveté d’autruche qui cache sa tête en pensant qu’on ne la verra pas. Il faudrait pourtant y observer quelque chose de tout à fait sérieux et remarquable, le clin d’Å“il d’un dispositif qui n’a pas honte d’afficher ses coutures, prend plaisir à coucher à plat son hétérogénéité narrative. Une narration audacieuse et libre dans son concept certes, mais finalement très précieuse dans sa forme, très monotone dans son ton. C’est le problème général. camaïeu d’idées de premier film, Les Nuits avec Théodore en cumule quasiment toutes les tares, pour seulement quelques qualités éparses. Il s’essaye à tout, sans forcément obtenir résultat probant. Si Betbeder multiplie les territoires, il ne trouve jamais de point d’équilibre, de poste frontière qui permettrait aux différentes matières du récit de circuler, de se contaminer, de fusionner entre elles. On demeure coincé entre fiction et documentaire, entre naturalisme et fantastique, entre curieux et mauvais film. Au point qu’on se demande si Les Nuits avec Théodore n’est pas simplement un court-métrage qui a fait un poil long (1h07), qui a peut-être eu tort.

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